On l'a déjà tant vu, et tant vécu, ce rituel soporifique de la grève étudiante, sans objet, ou plutôt sans autre objet que celui de permettre, comme tout le monde l'a compris depuis bien longtemps, aux jeunes militants et futurs apparatchiks des partis politiques, de gauche pour l'essentiel, de livrer leurs premières batailles, et sans enjeu, puisqu'à un bidule réglementaire gouvernemental de plus, que l'on aura oublié dans six mois, simple et absurde témoin d'une prolifération de textes sur laquelle Philippe Askenazy a dit tout ce qu'il fallait dire, répond un témoignage de plus de cet interminable refus du réel, que l'on hésite un peu à s'intéresser aux affaires en cours, lesquelles risquent de ne même pas permettre la production d'un billet correct.

Puisque l'étudiant partage avec le retraité une capacité de nuisance nulle, laquelle provoque un spectaculaire glissement des inégalités sociales puisque, là, un éboueur vaut bien mille étudiants, puisque, contrairement à d'autres, il n'est même pas en mesure, malgré la complicité des forces de maintien de l'ordre auxquelles on n'a toujours pas appris à éviter de donner des coups de bâton à des jeunes filles devant les caméras de télévision, de fournir un spectacle correct, puisque, guetteur du grand soir montant une fois de plus au créneau de sa forteresse du Désert des Tartares, il ne sait rien faire d'autre que de convoquer, piano inclus, au même moment et au même endroit, les fantômes fatigués de Mai 68, puisqu'il n'est capable de renoncer un temps à sa logorrhée que pour mobiliser, faute de participants, des chaises, lesquelles, comme on le sait, n'ont pas de dialogue, on est bien obligé de le reconnaître : tout ça est chiant à mort.
Il suffisait, en tout cas, en ce lundi après midi, de constater l'affluence dans les salles de la bibliothèque universitaire de Paris 8, cette université installée de force au milieu de la Seine-Saint Denis et qui a pris tant de temps pour ressembler à la population qui l'entoure, laquelle sait d'où elle vient et ce qu'il lui en a coûté d'être là, et n'a aucunement l'intention de faire les frais des stratégies de placement des apparatchiks de l'UNEF, pour tirer une conclusion irréfutable : si l'étudiant manifeste le peuple, lui, a voté.