Loin de l'idée complaisante d'une activité suicidaire qu'en retiendra le profane, lui qui ne la connaît qu'à travers les images des fréquentes chutes retransmises par les journaux télévisés, la compétition de vitesse moto telle qu'elle se pratique de nos jours sur des circuits à la sécurité optimale ne présente guère plus de risques que le ski de descente, ou le cyclisme. Le danger essentiel, pour un pilote, n'est pas, même à haute vitesse, de tomber, mais d'être percuté par un autre concurrent. Et l'intensité de ce risque n'est jamais plus élevée que durant les premiers tours de l'épreuve, lorsque les pilotes, encore groupés, se suivent à quelques centimètres les uns des autres.
Aujourd'hui en Malaisie le jeune chien fou du MotoGP, l'exubérant Marco "Super Sic" Simoncelli, engagé dès les premiers virages dans un duel périlleux avec Alvaro Bautista, est mort, percuté après avoir chuté par Colin Edwards, puis par Valentino Rossi. L'organisateur, ne rediffusant de l'accident que ses premières secondes, coupant l'instant du choc, cachant les images de Marco Simoncelli gisant sur la piste, annulant le Grand Prix, fit ce que le monde motard, pilotes comme spectateurs, attendait de lui. Espérer une même retenue d'un journal télévisé essentiellement préoccupé de rendre l'hommage qui s'imposait aux beautiful losers eut sans doute été illusoire.