La pointe de Billancourt, qui valut à Fernand Pouillon des déboires qu'il relate dans ses Mémoires d'un architecte, exceptionnel témoignage sur l'art de bàtir durant les Trente glorieuses, continue à faire des victimes. François Pinault avait prévu d'y abriter sa fondation d'art contemporain, qu'il planifiait en bon entrepreneur : prêt à consacrer l'argent nécessaire pour ce monument à sa mémoire, il ne tenait pas à ce que son inauguration fût posthume. Aussi a-t-il su, abandonnant par là les investissements déjà réalisés, mettre fin au projet quand l'inertie des uns et l'opposition des autres ont généré une incertitude qu'il lui a semblé d'autant moins raisonnable d'accepter qu'une solution de remplacement se faisait jour à Venise. Parions qu'il se trouve satisfait du résultat, et les Vénitiens aussi.

Les Trente glorieuses sont bien finies, elles qui, pour ce qui concerne l'urbanisme parisien, s'abîmèrent dans le trou des Halles. Arasée, dépolluée, privée de son principal projet, l'ile Séguin se propose de reprendre le rôle, mais elle aura, sans doute, bien du mal à trouver son Marco Ferreri.