Étonnamment, il semble qu'Arte, la chaîne du mépris du cinéma, ne s'en tire pas trop mal dans l'inévitable commémoration du soixantième anniversaire de la naissance de Rainer Werner Fassbinder, puiqu'elle prévoit de diffuser, en lieu et place de l'inévitable Mariage de Maria Braun, Angst essen Seele auf, un des rares premiers rôles de la récemment décédée Brigitte Mira. Mème s'il est moins implacable que Wildwechsel ou Faustrecht des Freiheit, le film appartient quand même à sa meilleure période, celle avec Michael Ballhaus à l'image, entre ses débuts chaotiques et l'académisme de ses années 80.

Tard dans la nuit, un documentaire d'un autre fondateur du Filmverlag der Autoren, Rosa von Praunheim, à l'époque déjà homosexuel fortement militant et lourdement moustachu, auteur d'un autre document significativement émouvant sur ce compagnon des premiers jours, Die glückliche Opfer der Rainer Werner Fassbinder, et que Le Monde éprouve le besoin de qualifier comme un "cinéaste homosexuel qui se fait appeler Rosa von Praunheim". On n'est jamais trop prudent avec les fauves de cette époque-là : malgré l'âge, ils se pourrait qu'ils soient encore capables de mordre.