La une que le Parisien consacre aux attentats de Londres se distingue d'emblée de celles de ses confrères par cet étalage de visages ravagés, là où d'autres, sans toujours aller jusqu'à la retenue de la Tribune qui se contente d'une vue des forces de police à l'oeuvre, savent rester plus discrets. Elle tranche surtout par ce titre, "Al-Quaida punit Londres", dont on espère que l'auteur n'a pas mesuré tout le sens.

Car on pouvait difficilement trouver terme moins neutre : la punition implique inévitablement deux notions, la légitimité de celui qui la donne, et la culpabilité de celui qui la reçoit. Dans l'imaginaire de l'activiste islamiste, qui se voit comme incarnation du doigt de son dieu punissant ces mécréants lesquels, musulmans compris, se définissent comme tous ceux qui ne pensent pas comme lui, et lui permet donc de frapper aveuglément en n'ayant même pas, comme Simon de Montfort, à charger son dieu de reconnaître les siens, puisque là où il frappe ne peuvent vivre que des mécréants, la punition est la raison même de l'action, et son but premier.
La une du Parisien, en deux lignes et quatre photos, annonçant la punition, détaillant ses conséquences, montre précisément au terroriste pourquoi il combat.