Déjà, le principe des "pôles de compétitivité", qui revient à dire qu'il suffit de dessiner le plan pour que la maison se construise d'elle-même, laisse un peu sceptique. Ce genre de grand bazar a du moins le mérite de fournir un instantané cartographique du rapport de forces entre une haute administration centripète et les forces centrifuges des intérêts politiques locaux. Là, pas de surprise : Thierry Breton voulait six pôles, on en aura 67. Par conséquent, la première tâche sera d'inventer la boussole qui permettra de s'y retrouver.

Ce ne sera pas simple : il y aura du vrai et du faux, du mondial, compétitif, et déjà opérationnel, du presque aussi bien mais peut quand même mieux faire qui, lui, aura "vocation" à devenir mondial, et quelques dizaines de lots de consolation réservés aux baudets du Poitou ("mobilité et transports avancés") et à l'escargot de Bourgogne ("pôle innovation goût").
Avec une enveloppe d'1,5 milliards d'euros sur trois ans, soit la moitié de l'investissement total de STMicroelectronics, Philips et Motorola dans le seul Crolles 2, à répartir entre 67 projets, on peut déjà tenir un résultat pour certain : chacun touchera de quoi renouveler sa machine à café.