Soit trois sociétés d'autoroutes cotées en bourse dont les noms ressemblent à des directives de la Commission européenne - ASF, SANEF, APRR ; soit trois groupes de travaux publics potentiellement intéressés, Vinci, Eiffage, et Bouygues, sans compter quelques acteurs espagnols en pleine forme pour lesquels on trouvera bien une petite part, et un État prêt à échanger une source remarquablement fiable de revenus réguliers contre un gros chèque tout de suite, que l'on estime à 2,2 milliards d'euros. Vinci détenant déjà 27 % des ASF, on le voit bien candidat à la majorité du capital. Ne restent plus que deux lots pour deux candidats, ce qui ne devrait pas contribuer à faire monter les enchères.

Mais voilà que, dans un communiqué, Bouygues annonce qu'il ne participera pas à l'offre. Ce n'est pas faute de moyens financiers, non, mais chez Bouygues, on ne gère pas, monsieur, on bâtit : chez Bouygues, on a le béton dans le sang et le casque vissé sur le crâne. On aime le défi technique du pont construit sur du sable, l'air marin que l'on respire au sommet du plus haut viaduc, les mégatonnes de béton et les kilomètres d'enrobé à semer dans les endroits les plus improbables. Mais toucher sa rente sur des infrastructures déjà construites, on laisse ça aux autres. C'est les espagnols qui vont être contents.