Sur la terrasse du fortin, des colons, barbus et calottés, retranchés derrière des barbelés. Ils subissent l'attaque des indiens, vêtus d'uniformes de la police et de l'armée israéliennes. La tactique des assaillants relève de la haute technologie : une grue dépose leur cheval de Troie, un conteneur pourvu de grilles et rempli de policiers, sur la terrasse. Il ne leur reste plus qu'à y emprisonner les colons qu'ils sont venus déloger. Ceux-ci se défendent en lançant des matériaux divers, sable, ciment, eau, et surtout peinture, au point que, rapidement, ce qui, sans doute, était le but du jeu, il devienne difficile de différencier assaillants et assiégés.
Il semble, malgré tout, que les oeufs, les tomates et la farine soient restés dans les placards.

On rirait de cet intermède grotesque dans ce feuilleton par lequel, ARTE exceptée, les télévisions publiques rendent compte de l'évacuation de la bande de Gaza, transformant en victimes ces extrémistes dont l'idéologie serait, sous nos lattitudes, légalement considérée comme raciste et révisionniste si ces images, montrant les déchirements moraux des forces de l'ordre et les infinies précautions que celles-ci prennent dans l'accomplissement de leur mission n'en rappelaient inévitablement d'autres, celles détaillant la façon dont les mêmes forces de l'ordre traitent d'ordinaire les Palestiniens, seuls occupants légaux des lieux.
Pourtant, plus que n'importe quel discours, mieux que la plus pertinente des analyses, cette abyssale différence dans le traitement des individus montre bien à quel point policiers et soldats ont intégré, sans même forcément le vouloir, un comportement qui les conduit à traiter les premiers en frères, et les seconds en sous-hommes.