On sait pourtant bien que les mauvais coups se préparent au coeur de l'été et, à ce titre, on devrait surveiller avec plus d'attention l'activité des clôtures de sessions parlementaires, comme lors du 13 juillet dernier. À ma connaissance sûrement insuffisante, il semble en effet que Bertrand Lemaire ait été le seul à relever le dépôt, ce jour là, du projet de loi 2474 relatif aux échanges sur Internet de fichiers protégés. Celui-ci fait pourtant directement référence à la décision de la cour d'appel de Montpellier que commentait Eolas.
Et il est admirable, tant il réussit à masquer, sous l'aspect du conciliateur qui, tel un Salomon des électrons, sait réunir les intérêts du grand public et des ayants droits, un art consommé de se simplifier la vie : taxons tout le monde a priori, et la question est réglée. On notera au passage l'intéressante définition du téléchargement comme seul piratage, telle qu'elle a été développée et imposée par la presse superficielle, et qui témoigne d'une connaissance de la réalité informatique d'autant plus inadaptée qu'elle se croit suffisante, un peu comme si l'on considérait qu'il suffit de maîtriser l'alphabet pour être en mesure de rédiger À la recherche du temps perdu.

Plus que d'un législateur, on a l'impression de voir là l'oeuvre d'un commercial, qui sait si bien nous persuader de tous les avantages que l'on pourra gratuitement et légalement obtenir, en échange d'une vraiment ridiculement petite taxe forfaitaire que l'on n'aura même pas conscience de payer, puisqu'il faudrait pour cela lire les conditions de vente de son fournisseur d'accès, ce qu'on ne fait jamais. Espérons du moins que le législateur saura se contenir dans la définition du contenu soumis à perception : sinon, on finira par télécharger son Linux en échange d'une taxe qui profitera à Microsoft. Ça serait dur à avaler.