C'était il y a bien, bien longtemps, alors que le souvenir de l'explosion de mai 68 restait vivace, sinon brûlant. Dans le grand lycée construit au chemin de grue d'une célèbre petite ville azuréenne, un proviseur de la très vieille école avait, sous le coup d'une subite attaque d'autoritarisme, imposé aux élèves le port d'une blouse d'uniforme. En cours de route, un concepteur facétieux avait doté le modèle choisi d'un col Mao, que les esprits forts portaient déboutonné : ils n'avaient pas compris qu'en la matière la meilleure réponse résidait dans le respect imbécile de la contrainte.

On pense à ce genre de choses quand, de retour de vacances, on apprend, par un placard affiché avec la faute de syntaxe d'usage à l'entrée de sa piscine municipale, que : "les bonnets de bains sont obligatoires à tous les usagers".
On l'a déjà dit, les mauvais coups se méditent pendant l'été : dans une piscine où une douche sur trois fonctionne pour délivrer une eau généralement glaciale, on comprend que l'hygiène cause un problème que l'administrateur cherchera à résoudre par une mesure d'autorité, uniforme, infantile, vexatoire, et, très accessoirement, gravement attentatoire au chauvinisme mâle, qui donne l'impression de nager tout habillé avec une bouée sur la tête, mais qui présente l'intérêt de rejeter sur les victimes la cause du problème.

Le Comité de l'hygiène aurait tort de s'arrêter là : suggérons-lui de prendre également la sécurité en charge, d'imposer l'utilisation de la ceinture de flotteurs, de profiter de la rénovation qui se prépare pour réduire la profondeur d'un bassin où personne n'a pied à 80 centimètres.
En attendant, les censeurs de la pilosité pourront s'attaquer à leur prochain objectif : les gros sourcils.