Toute la science du kremlinologue, cet exégète apte à extraire la plus infime fraction d'information pertinente de la lecture des publications officielles de l'époque soviétique, doit être mobilisée par celui qui, au travers de la double distortion infligée par les discours politiques et syndicaux, et par une presse valorisant par défaut la lutte sociale, cherchera à comprendre ce défi à la raison qu'offre le conflit de la SNCM. Essayons.

Jean-Paul Israël, CGT : "l'État doit rester majoritaire pour garantir le maintien du service public... on veut bien d'un partenaire privé, mais avec 49 % du capital".
Traduction : avec Bruxelles, on sait que cette fois-ci, c'est cuit. Là-bas, personne n'a oublié les picaresques aventures des préposés au comptage des vaches corses. La seule façon de conserver nos avantages est de chercher un gogo prêt à y laisser sa chemise. Une fois rincé, on lui trouvera bien, à force de pressions, un remplaçant.
Post-scriptum : aux dernières nouvelles, ni Jean-Marie Messier ni le cadavre du Crédit Lyonnais, qui bouge encore, n'ont semblés intéressés.

Thierry Breton, gouvernement Villepin : " L'État garde 25 % du capital ; avec 9 % des parts, les salariés peuvent ainsi constituer une minorité de blocage."
Interprétation : puisque côté Bruxelles, c'est râpé, il faut absolument réussir à mouiller les marins de la SNCM, histoire de partager les responsabilités du naufrage final.
Post-scriptum : il va sans dire que la participation salariale au capital de l'entreprise sera généreusement offerte par le contribuable.

Alain Mosconi, STC : "Nous discutons avec un groupe d'entrepreneurs corses d'une solution corse pour la reprise de la société."
Exégèse : le sanglier sort du bois.

X, FNLC dit du 22 octobre (au repreneur éventuel) : "Votre présence est indésirable... oubliez votre offre, il en va de votre sécurité."
Clarification : le loup aussi.

Conclusion : Thierry Breton, le fin négociateur, Dominique de Villepin, le beau parleur, Nicolas Sarkozy, l'atout maître, parviendront-ils à leur fins ? Ou la princesse sera-t-elle, une fois de plus, contrainte de coucher avec le prolétaire ? Réponse lundi. A non, pardon, mardi.