On imagine l'ambiance dans les salles de marchés en ce lundi matin, premier jour de cotation de l'action EDF, avec cette accumulation d'ordres de vente qui fit plonger le titre avant l'ouverture de la séance. On devine l'agitation, entre Bercy et les banquiers, commis d'office pour éponger les fuites des petits actionnaires. On le leur avait pourtant bien dit, à ces têtes de mules, qu'en achetant de l'EDF, ils en prenaient pour cinq ans, et plus.
Mais non. La bourse, ils n'en veulent pas  : ce qu'ils veulent, c'est gagner beaucoup d'argent, rapidement et sans risque. Ce phénoménal succès de l'actionnariat populaire, avec ses 4,9 millions de souscripteurs, ne pouvant, dès le premier jour, se transformer en désastre, les investisseurs institutionnels firent leur devoir, et rachetèrent, nous dit La Tribune, plus de 30 millions de titres, et plus de 16 % du capital émis. Aussi, l'action clôtura à l'équilibre ; ensuite, elle suivra son cours, et sans doute à la baisse. Mais le pire sera passé et, sauf catastrophe, ce qui arrivera alors n'intéressera plus la télévision.

Reste, quand même, à trouver un qualificatif pour cette intervention, qui a conduit les banques à acheter un produit à un prix artificiellement surévalué : manipulation de cours au profit de l'Etat ? Abus de biens sociaux dans l'intérêt supérieur de la Nation ?