Nageuse, nageur, une fois de plus, voulant comme d'habitude consacrer ton samedi matin à tourner en rond entre les lignes de ta piscine municipale tu as, comme toujours sans avertissement préalable, trouvé porte close. Une fois encore, tu as constaté que cet équipement public était mis à contribution pour la gloriole privée de l'équipe au pouvoir, laquelle trouvait pertinent d'y recevoir ses clients avant, sans doute parce que le sang se nettoie plus facilement sur du carrelage, d'y organiser un match de boxe.
Tu as pu de nouveau mesurer, après cet infamant règlement t'astreignant au port du bonnet et au savonnage obligatoire, qui te dégrade à l'état d'enfant n'ayant pas encore appris la propreté, le mépris dans lequel, en cette année non-électorale où tu redeviens un ordinaire usager, de cette portion d'humanité insolente au point de prétendre profiter elle aussi des équipements construits et entretenus par ses impôts et ceux de ses devanciers, au lieu d'en abandonner l'usage exclusif aux sportifs avec licence et aux enfants des écoles, te tenait cette élite municipale qui, là où tu dois accomplir tes ablutions contraintes avec de l'eau froide dans des douches glacées, s'offre le confort d'une tente chauffée érigée pour l'occasion, histoire de parcourir à l'abri les quelques mètres qui sépareront sa limousine de la porte d'entrée.

Nageuses, nageurs, assez d'humiliations ! Cessons d'être les esclaves de nos serviteurs ! Lançons la révolution des bonnets !