La similitude ne se limite pas à la coïncidence des dates puisque, dans sa grande liquidation législative de fin d'année, l'Assemblée nationale se trouve discuter conjointement du piratage dans le projet de loi dit DADVSI, qui génère une impressionnante logorrhée binaire sur à peu près tous les sites placés en liens sur ce carnet, et, au milieu de la cavalerie lourde de la loi Sécurité et développement des transports, marquant une déclinaison de plus de cet obsessionnel terme de sécurité, d'un chapitre IV qui renforce la répression d'une pratique connue sous le nom de débridage, laquelle vise à supprimer les dispositifs techniques qui entravent la puissance de certains deux-roues.
Avant tout, il est sans doute bon de rappeler que, partout en Europe, les cyclomoteurs, pour les adolescents, sont pénalisés par une limitation de vitesse, en général fixée à 45 km/h et que, en France exclusivement, les motos, pour les plus de 21 ans, relèvent d'une catégorie qui, selon l'article R321-4 du Code de la route, prend fin avec une puissance de 73,6 kw, définition surréaliste au vrai sens du terme puisque, selon la loi française, ceci n'est pas une moto.

On ne s'arrêtera pas tant sur la brève discussion de ce chapitre IV que l'on trouve sur le site du Sénat, laquelle s'appuie comme toujours sur des statistiques dont on a pu démontrer ici qu'elles étaient totalement fictives, que sur le parallèle qui s'impose entre les deux projets. Ainsi, les corrupteurs de la jeunesse qui s'aviseraient de vendre, d'inciter à l'achat avec par exemple, on l'imagine, un article dans la presse spécialisée, ou, simplement, d'exposer un deux-roues hors norme, y compris, sans doute, la Yamaha de Valentino, voire même moi du simple fait d'avoir parlé de Valentino et sa Yamaha, seront punis de deux ans de prison et 30 000 euros d'amende. Les vils marchants clandestins du temple culturel, dans cette bizarre définition avalisée par le ministre en personne qui exclut du champ la litérature, les arts plastiques, l'architecture, ou le spectacle, lequels ne sauraient être des biens culturels puisqu'ils ne sont pas reproduits en masse sous forme numérique, qui s'amuseraient à faire sauter le bridage des fichiers, en langage administratif leurs mesures techniques de protection, auront droit, eux, à trois ans de prison et 300 000 euros d'amende.
Il n'est pas difficile, derrière la similitude des cibles et des délits, à côté de l'alliance entre groupes de pression et ligues de vertu, de retrouver ici la trace d'un pouvoir rétrograde en guerre contre sa jeunesse, incapable de réagir autrement que par la sanction et qui, ainsi, prend la voie d'une rigidité qui sera bientôt cadavérique.