Les chercheurs devront désormais se méfier avant de sélectionner les lieux où ils décident de présenter leurs travaux : c'est pour avoir choisi les salons de l'Automobile Club que deux universitaires, Pierre Kopp et Rémy Prud'homme, et un doctorant, Juan Pablo Bocajero, que la presse évite de citer alors que, en tenant compte de son sujet de thèse et avec une certaine habitude des pratiques universitaires, on peut le tenir comme principal auteur de la chose, se voient reprocher par les élus Verts de l'équipe Delanoë d'être instrumentés par l'Automobile Club.

Ce que celui-ci gagnerait à subventionner une étude qui, s'inscrivant dans le cadre d'un travail doctoral, n'a besoin d'aucun financement particulier, paraît pour le moins obscur ; ce que les responsables de l'édification des forteresses municipales, dont on a souvent parlé d'abord ici, et ensuite là, risquent de perdre à une telle publication semble beaucoup plus évident.
Car ce travail d'économistes qui vise, selon une pratique propre à cette discipline qui ramène tout à des histoires d'argent, à évaluer le rapport coûts / bénéfices de la politique municipale, et que l'on peut se procurer sur le site de Pierre Kopp, en dresse un bilan presque exclusivement négatif : moins d'automobiles qui roulent moins vite et polluent plus que si l'on n'avait pas semé les obstacles sur leur parcours, pas plus d'autobus qui ne vont pas plus vite et ne sont pas plus fréquentés qu'avant, beaucoup plus de deux-roues motorisés sur lesquels, comme toujours, on ne sait rien puisque l'on n'avait pas prévu qu'ils puissent être plus nombreux, et quelques cyclistes supplémentaires, seuls gagnants dans l'affaire. Selon les comptages extrêmement superficiels de l'Observatoire des Déplacements, cités dans l'étude, leur part dans la circulation totale resterait toujours infinitésimale : 0,14 %. C'est pourtant dans ces 0,14 % que l'on doit trouver l'essentiel des bénéficaires d'une politique qui a déjà coûté 60 millions d'euros à leurs concitoyens. On notera qu'en un point au moins, le rapport n'est qu'à moitié négatif : la pollution atmosphérique a, malgré tout, baissé ; pourtant, lors de la consultation plébiscitaire dénommée Débat sur le plan de déplacement de Paris, on nous affirmait exactement le contraire.