Une si longue absence loin du commun des blogueurs ne s'explique pas par un subit accès de lucidité face à l'inanité de la tenue, même épisodique, d'un carnet qui, tous comptes faits, intéresse peu de monde, mais par une raison beaucoup plus triviale qu'après tout mon lectorat, aussi restreint que fidèle, Vincent, François, Bertrand, a bien le droit de connaître. Il se trouve que, à l'instigation de Vincent et grâce à l'IP fixe de ma Freebox, je me trouve être mon propre hébergeur, et ce pour DirtyDenys aussi bien que Vallaurien et Mastermoto. Et si, avec deux heures d'interruption de service constatées en plus d'un an, Free donne toute satisfaction, ma liaison dépend aussi d'une antique infrastructure de France Telecom, bien digne de l'époque soviétique avec son fil qui pendouille en façade depuis mon cinquième étage pour se perdre on ne sait où. Depuis mercredi 1er mars 3h00, d'après mes logs, cette liaison est coupée ; tous mes efforts pour la faire rétablir sont à cette heure demeurés vains.
C'est que France Telecom ne changera ces câbles que lorsque l'isolant dégoulinera sur le trottoir, ou que leur cuivre sera tellement oxydé que plus aucun électron ne pourra s'y frayer un chemin, à moins que, pris d'une inspiration subite, un vandale de passage ne détruise à coups de masse le boîtier de connexion posé en façade à portée de main d'un basketteur. En attendant, je songe bien à lancer un attentat à la tomate contre la plus proche agence, mais, d'une part, ce n'est pas encore la saison de la tomate, et, d'autre part, depuis que les relations clientèle de France Telecom se sont réfugiées dans l'espace électronique, il ne reste rien d'autre à maculer que les cabines téléphoniques. L'impuissance se résoud donc dans la morne contemplation d'une pauvre Freebox perdue et esseulée, cherchant désespérément à rejoindre ce DSLAM salvateur.

Au moins, être son propre hébergeur permet de continuer ses mises à jour même coupé du monde, et en étant son seul lecteur. Il se trouvera sans doute peu de mauvaises langues pour affirmer que cela ne change guère de l'ordinaire. C'était les dernières nouvelles du front en direct de Clichy-la-Garenne, Hauts-de-Seine, le département le plus riche de France, à cinq cent mètres du boulevard périphérique, dans le sous-monde.