Suivant des principes tout à fait proches de ceux qu'Anne Revillard décrit au sujet de Usenet, mais avec l'avantage, en particulier, de ces liens circulaires connus sous l'appellation de blogroll, et qui fonctionnent comme un réseau de recommandations réciproques, le paysage des blogs informatifs connaît, spécialement dans les domaines du droit et de l'économie, et grâce aux contributions de praticiens aussi bien que d'universitaires, un fort développement et un premier mouvement d'institutionnalisation. Étoile au firmament de la galaxie juridique, Maître Eolas s'est vu contraint, face aux réactions suscitées par un récent billet relatif au CPE, de fermer ses commentaires ce qui, contrairement à Tristan Nitot, lui arrive suffisamment rarement pour qu'il éprouve le besoin d'en faire état.
Qu'y a t-il, alors, de tellement scandaleux à voir un technicien du droit donner un avis technique sur une question de droit ? Qu'a donc de si intolérable un argumentaire qui, d'un côté, rappelle des vérités premières, telles le caractère mythique de la grève étudiante, ou l'inanité de cette revendication de retrait par le gouvernement d'un texte qui se trouve désormais être une loi, lequel retrait, si par malheur le Conseil constitutionnel ne censure pas les articles contestés, ne pourrait s'opérer qu'à la faveur d'un coup d'État et, de l'autre, propose une juste évaluation de l'ampleur assez minime de ce texte, dont la principale conséquence, comme avant lui le CNE, passé sans difficultés et sans même un vote du parlement, sera sans doute de surcharger un peu plus les conseils de prud'hommes, circonstance certes désagréable mais qui peut difficilement, à elle seule, justifier le recours à l'insurrection armée, le fût-elle seulement de chaises et de reliures brûlées ?

Ça, bien sûr. En agissant ainsi, en démontant morceau par morceau l'argumentaire des organisations étudiantes jusqu'à révéler sa totale vacuité, Maître Eolas se trouve démontrer que leur position, techniquement comme politiquement, appartient au domaine de l'imaginaire, que leur action n'est qu'une pathétique tentative de plus pour forcer la réalité à s'organiser selon leurs désirs, que ce mouvement n'est que la poussée de fièvre printanière, un peu plus forte que les autres, d'une interminable maladie de langueur, mouvement dont les promoteurs ne savent quoi faire, et qui, si le texte était avalisé par le Conseil, si le gouvernement tenait dix jours encore, risquerait de capituler face aux départs en vacances.
Ce travail de désenchantement du monde est l'ordinaire, ordinaire dont on doit bien reconnaître que, depuis quelques années, elle s'acquitte fort mal, de la sociologie, domaine qu'Eolas, en juriste, ignore superbement. En effet, c'est scandaleux.

(la suite sera sur vallaurien)