L'article qui n'aurait jamais dû exister est donc mort avant même d'avoir vraiment vu le jour. À la place, une proposition que certains qualifient de "loi UMP", instaurant ainsi un nouveau partage des pouvoirs fort peu constitutionnel mais sans doute assez réaliste, voit le jour, et sera sans doute d'autant plus rapidement adoptée qu'elle n'apporte, en regard des dispositifs déjà existants, rien de nouveau, hormis l'essentiel.

On va ainsi élargir l'assiette du Contrat jeune entreprise, jusque là réservé aux jeunes de moins de 23 ans dotés d'un niveau de formation inférieur au baccalauréat. On abondera un peu mieux les Contrats de professionnalisation, un système de formation en alternance que l'on peut suspecter être essentiellement peuplé de salariés non qualifiés. On ajoutera un chouia d'on ne sait trop quoi au CIVIS, qui se distingue du CJE en ceci que l'âge de ses bénéficiaires potentiels se hausse jusqu'à 26 ans, et qu'ils ont passé jusqu'à deux années de leur courte existence enfermés entre les murs d'un établissement d'enseignement supérieur sans pour autant obtenir de diplôme. Enfin, des stages de formation viendront au secours des employeurs, dans l'hôtellerie ou le bâtiment, qui éprouvent des difficultés à recruter, alors même que les emplois qu'ils offrent ont tout pour séduire les nouveaux titulaires d'un Master de sociologie.

On le voit, le scandale majeur de l'article 8, ce grand cygne blanc perdu au milieu de vilains petits canards dont il ne voulait à aucun prix comme compagnons de jeu, n'est plus. Ils ont tout compris : l'indistinction sociale qui découlait de cette extension à l'ensemble d'une classe d'âge d'un statut de jeune en difficulté jusque là réservé aux seuls non-diplômés, disparait. À sa place, on réinstalle cette dichotomie fictive qui permet de croire qu'un diplôme, c'est un abri et que, indépendamment de toute réalité économique, il vaut comme un bon pour emploi.
Le bail prenant fin dans douze mois, on peut parier que, en plus d'expédier les affaires courantes, l'occupant actuel, histoire de ne pas laisser un trop mauvais souvenir, trouvera, au moment de l'inventaire, quelques cagnotes oubliées, propres à satisfaire une aussi légitime revendication. Ensuite, on prendra rendez-vous avec le budget 2008.