Tout une portion de la blogosphère que l'on ne risque pas de croiser à Paris Carnet, celle qui considère les geeks comme des êtres principalement féminins dont la raison d'être se limite à la quête sans fin du dernier bidule numérique de poche, ne se tourmente guère de livrer l'espace de son blog aux sollicitations commerciales, acceptant en échange ces petit cadeaux qui cimentent les longues amitiés.

Ce n'est pas tellement le genre de la maison ; aussi, si on fait commerce, c'est pour la bonne cause, et pour un Linux de plus. Je vends donc mon Apple iBook acheté en juin 2005, processeur ppc G4 1,2 Ghz, écran 12 pouces, 768 Mo de mémoire, disque dur 60 Go, batterie d'origine et pas concernée par le programme de rappel, avec Mac OS 10.4 Tiger. Pourquoi se séparer d'une machine aussi récente et qui, question matériel, par ses dimensions comme ses performances, donne parfaitement satisfaction ? C'est que, ici, on est franchement Linux ; et faire tourner Linux sur Power PC, à l'époque où Apple utilisait encore cette architecture aujourd'hui confinée aux serveurs IBM, relevait déjà de l'abnégation, une caractéristique de ceux, étudiants par exemple, qui ont beaucoup de temps à perdre, et impliquait de se priver de petites choses pas vraiment facultatives, comme Flash ou les éditions récentes de Java. Aujourd'hui, sans Apple, l'abnégation vire à l'inconscience, et on est bien obligé de se contenter d'utiliser Mac OS.
Or, bien loin de n'être qu'une version de plus du brave BSD, Mac OS X est un immondice propriétaire qui ferait honte même à Microsoft, où la contrainte se niche dans l'application la plus ordinaire, puisqu'il faut par exemple payer pour avoir le droit d'afficher une video en plein écran sur le lecteur multimedia intégré, et dont la prétendue simplicité d'emploi s'explique par une capacité inégalée à mentir à l'utilisateur, et à lui cacher de toutes les manières possibles ce que, pour peu qu'il soit doté d'un cerveau adulte et d'un minimum de curiosité, il a besoin de savoir. Ayons la charité de ne pas évoquer le malheureusement inévitable Finder, en théorie gestionnaire de fichiers, en réalité pénitence infligée à l'habitué de longue date de l'incomparable Konqueror.

Pourquoi l'avoir acheté, alors ? C'est que, chez moi, les portables, ça sert à partir en vacances ; ça doit donc être suffisamment petit pour trouver place dans la sacoche de réservoir de ma bécane, ce qui rend obligatoire l'écran 12 pouces. Or, chez Apple, un ultra-portable n'est qu'un portable comme un autre, un peu plus petit, donc un peu moins cher ; chez les concurrents, avant l'arrivée des taïwanais, on tenait là un bon moyen, puisque vous aviez un besoin spécifique, de vous faire payer plus. En outre, ici, on est par ailleurs 0 % Intel, et un Apple, tant qu'il gardait son ppc, correspondait donc au cahier des charges.
Ce portable, de plus, est unique : en effet, c'est sur celui-ci que la journaliste de Libération, en panne de batterie, a saisi son article du 22 avril. Guy Birenbaum s'en est servi aussi, mais je l'ai nettoyé depuis. Naturellement, l'heureux acquéreur aura droit à une installation sur mesure, avec logiciels libres à volonté : Camino, vlc, NeoOffice, Nvu, fugu ... Quand à son remplaçant, il est déjà prêt, et pour l'instant exclusivement sous OpenSuSE 10.2 : adieu donc, et sans regrets, à ida, et bienvenue à louise.