S'il avait voulu le faire exprès, il ne s'y serait pas pris autrement. Relégué en sixième position sur la grille de départ du Grand Prix de Malaisie, Valentino Rossi, onzième dès le second virage, s'est alors retrouvé dans le dernier tiers du maigre plateau de la catégorie MotoGP. La régularité mécanique avec laquelle il enchaîna ensuite les tours les plus rapides pour rejoindre la tête avait quelque chose de surhumain ; et la façon dont il doubla tous ses adversaires en adoptant, toujours dans le même virage, une trajectoire qui lui était propre, la manière dont il sut conserver sur son rival immédiat, Andrea Dovizioso, ces dix mètres d'écart qui le mettaient à l'abri d'une attaque dans les derniers tours, relevaient de l'implacable.
Jorge Lorenzo, de son côté, assurait en boutiquier une troisième place qui vaut pour un titre de champion du monde, et se contentait ensuite de montrer un panneau portant la mention "game over", disant sans le vouloir à quel point son univers reste puéril. Mais spectateurs et commissaires de pistes malaisiens ne s'y sont pas trompés : le héros du grand prix, principal acteur et seul auteur de sa dramaturgie, vainqueur d'un rapport de domination dont les effets ne sont plus que symboliques, c'est Valentino. Lorenzo est champion ; Valentino, unique.