Rhodia, le chimiste de spécialités issu du défunt Rhône-Poulenc, ou plutôt la malheureuse orpheline lâchement abandonnée à son triste sort par son grand frère, l'étincelant Sanofi, n'en finit plus de puiser dans son trousseau pour assurer ses fins de mois difficiles. Après avoir cédé ses fluides réfrigérants au tout-puissant DuPont, la voilà qui abandonne maintenant son usine belge de phosphates et d'acide sulfurique au profit d'un acteur nettement moins connu.
MISA, l'acquéreur, se trouve en effet être une filiale de Madhavani International, affaire familiale créée en Ouganda en 1949, et qui, sous la direction de Manubhai Madhavani, a beaucoup vécu depuis. Au demeurant, Madhavani et Rhodia se fréquentaient déjà depuis quelques années, ce qui explique sans doute pourquoi la nationalité du fiancé n'a guère inquiété les parents.

Mais on en viendrait presque à regretter que le bon roi Léopold II n'ait pas poussé son déjà considérable appétit de conquêtes au delà du lac Albert, laissant ainsi l'Ouganda aux Britanniques : se trouver, par le biais d'une opération du plus pur capitalisme, à la tête d'actifs belges, et donc d'employés ressortissants de son ancien colonisateur aurait à coup sûr fournit au nouveau propriétaire la plus ineffable revanche.