Sans doute, en définissant des réserves industrielles de chasse interdites aux prédateurs étrangers, le gouvernement vise-t-il en premier lieu à empêcher la prise de contrôle du champion local des métaux non-ferreux, Eramet, par Vale do Rio Doce lequel, depuis qu'il a appris à transformer son fer en or en augmentant en début d'année ses tarifs de 75 %, ne sait plus quoi faire de son argent, étant bien entendu qu'Arcelor, lui, reste parfaitement libre de poursuivre comme bon lui semble ses emplettes au Brésil.
Formidable clairvoyance : dans le monde apocalyptique de l'après-pétrole, le nickel néo-calédonien, dernier gisement national significatif de matières premières, vaudra à coup sûr bien plus cher que des platinoïdes désormais sans intérêt, faute de pots d'échappement à catalyser, et pour peu, bien sûr, que les habitants des lieux aient la bonté de reporter sine die leurs projets d'indépendance.

Après le coup de semonce du contrôle des prix façon Sarkozy, le retour d'un protectionnisme inavouable, inavoué et réservé aux seuls secteurs nobles d'une activité économique que l'on veut voir comme exclusivement nationale donne l'impression d'un furieux retour en arrière, à la période bénie et définitivement disparue qui précéda le petit aggiornamento socialiste du début des années 80. On en viendrait presque à regretter Edouard Balladur et ses noyaux durs lesquels, du moins, pouvaient fournir matière à des plaisanteries d'une honnête facture.