La justice, cherchant à lui accrocher aux basques une casserole estampée Rhodia, n'a pas le monopole du tir au Thierry Breton puisque celui-ci, nonobstant sa bonne bouille de collégien est, en particulier ici, l'objet, depuis sa conférence de presse du 21 juin, d'un dénigrement que l'on ne saurait qualifier autrement que de véritable lynchage blogotique. Particulièrement visé, le propos du ministre selon lequel l'impôt sur le revenu ne servirait qu'à rembourser les intérêts de la dette. Cette image parlante a le défaut d'être techniquement fausse, donc de prêter le flanc à une critique tendancieuse, redoublée d'une mauvaise foi qui feint de voir la dette investie dans des équipement publics alors que, en bonne logique, on ne peut envisager son utilisation, faute justement d'attribution de recettes spécifiques à des postes spécifiques, que sous l'angle de la probabilité.
En d'autres termes, ce à quoi l'euro prélevé ou emprunté a le plus de chances de servir, c'est aux dépenses de fonctionnement de l'État, donc aux rémunérations de la fonction publique et, donc, la poche dans laquelle il a les plus fortes chances de finir, puisque ce corps est, numériquement, de loin le plus fourni, est celle d'un enseignant du second degré.

On le voit, l'habitus parle ; ayant fait l'essentiel de sa carrière dans ce si méprisable privé, le roturier Thierry Breton n'a rien à faire au sommet de la noblesse d'État, puisque l'on ne gère pas un pays comme une entreprise. En effet : si la France était une entreprise, elle connaîtrait une érosion continue de ses parts de marché, un accroissement régulier de son endettement, un cumul de trente exercices déficitaires, un des plus faibles taux européens d'utilisation de ses capacités productives, un désengagement progressif de ses actionnaires étrangers, sans compter ses monstrueux engagements hors-bilan qui la rendront, dès 2008, totalement incapable de payer les charges de retraite de ses anciens salariés. Qui songerait à investir dans une entreprise pareille ?