Voilà si longtemps que le service des sports de France 2 nous régale de son chauvinisme de bistrot que l'on ne pouvait rater l'interprétation que la rédaction n'allait manquer de donner, dans son magazine dominical Stade Foot, de la défaite olympique de Paris 2012. Et en effet, on en a eu pour sa redevance. Car, en dehors des justifications ordinaires et entendues ailleurs, de la bouche de Bertrand Delanoë, on nous servit l'explication ultime : si du président du CIO, Jacques Rogge, belge, wallon, francophile de naissance en somme, rien de mauvais ne pouvait survenir, on oubliait qu'une grande partie des membres du Comité avaient été nommés par son prédecesseur, le catalan Juan Antonio Samaranch, au passé politique trouble, à la conscience peu claire. Tout s'expliquait : des voix avaient manqué, celles qui soutenaient Madrid et qui, faisant fi de la solidarité latine, s'étaient reportées sur Londres, et pas sur Paris. Dès lors, la fourberie ibérique s'alliant à la perfide Albion, le fortin français ne pouvait que succomber sous le nombre, et rendre les armes dans la dignité.

Qu'il existât des arguments d'équité puisque, si Paris disposait déjà d'infrastructures olympiques, c'est par ce qu'elles avaient servi tout récemment à organiser des compétitions mondiales là où Londres n'avait rien eu depuis quelque temps, ou de prudence si, après avoir tutoyé la catastrophe à Athènes, l'on s'inquiétait du risque-pays des candidats pour 2012, concluant que le choix de Londres se révélait bien plus sûr que celui de Paris, ne pouvait troubler la foi du partisan, pardon, l'analyse du journaliste.
Fidèle à sa tradition, la France perdit donc avec les honneurs plutôt que de sacrifier son âme et sa grandeur en tractations mesquines. Puisque le monde, ce dangereux récidiviste, se refuse décidément à la comprendre, il ne reste plus qu'à rester chez soi en attendant que le monde évolue. Dans l'intervalle, on aura Intervilles.