La piscine municipale de Clichy-la-Garenne, honnête bâtiment des années 70, présente l'intéressante caractéristique que la profondeur du bassin principal n'y est jamais inférieure à deux mètres. En d'autres termes, on n'a pas pied, les niards vont barboter dans la baignoire d'à côté et, pour peu que l'on ait saisi le mode d'emploi, on est relativement tranquille pour y faire ses longueurs. Elle dispose, de plus, d'une fosse à plonger rarement utilisée, et d'autant moins que, depuis quelque temps, en attendant une rénovation prochaine, le plongeoir, articulé autour d'une belle poutre trapézoïdale inclinée en béton, de ce béton nu comme on savait en couler à une époque où l'on n'avait pas peur de la vérité du matériau, se trouve privé de son escalier d'accès. Seuls subsistent les deux tubes d'acier de la rambarde, enserrant un vide qui prive l'objet de son utilité, et le transforme en sculpture incongrue et provisoire.

L'ensemble, à vocation exclusivement sportive, ce qui, à priori, pour un équipement destiné à la pratique de la natation, paraît relativement judicieux, ne s'égaye guère que de la présence d'un solarium. Pour l'été, et pour la première fois, la municipalité, profitant du terrain de sport situé en contrebas, et suivant l'exemple de son puissant voisin, organise Clichy station balnéaire, avec chaises longues, sable, et jeux de ballon. Enfin, on l'imagine : d'en haut, on n'aperçoit guère que le logo d'un sponsor. Quant à essayer la chose, on attendra qu'un soleil un poil roboratif vienne percer la couche nuageuse et faire un peu remonter les températures de ce mois d'août automnal. C'est l'ennui sous ces latitudes : pour les tropiques à domicile, il manque encore quelques dizaines d'années de réchauffement climatique.