À l'évidence, une certaine incrédulité a dû accompagner, dans la salle de la Cour d'appel de Paris, la lecture du verdict dans l'affaire Tapie/Lyonnais, par laquelle il était fait droit à la demande de Bernard Tapie à hauteur de 135 000 euros. Effet de la fatigue accumulée durant la semaine ? Faible lisibilité de la décision ? Force de l'habitude, plus probablement, qui conduisit, par un acte manqué de toute beauté, le Président à annoncer une somme mille fois inférieure à la réalité, laquelle propulse cette indemnité au rang d'un record.
L'annonce, en tout cas, confirme que, pour prétendre être le conseil de Bernard Tapie, il ne faut pas avoir un coeur fragile.

Mais par ailleurs cette somme, si étourdissante pour un simple mortel, ne représente jamais qu'une négligeable fraction de l'ardoise du Lyonnais, laquelle fraction, puisque le Crédit Agricole, repreneur des actifs surnageants après le naufrage du navire-amiral de la banque française, a, bien normalement, abandonné les passifs aux bons soins de la collectivité, sera comme les autres acquittée par le contribuable. Celui-ci a bien droit à une petite compensation morale : suggérons donc, maintenant que le Palais Brogniard ne sert plus à rien, d'y afficher en permanence, en témoignage des turpitudes passées et pour l'édification des générations futures et des touristes incrédules, comme d'autres le coût de la guerre en Irak, le montant actualisé de l'ardoise du Lyonnais.