Voici des années que, avec un étalage de mauvaise foi aussi ahurissant que leur aplomb, les producteurs ovins du Massif central, accrochés de tous leurs sabots à l'appellation contrôlée de leur Roquefort, revendiquaient, a contrario, le caractère générique de la Feta, aujourd'hui prétendument séparée de son ascendance grecque, et qui leur permettait d'écouler tranquillement et sous un faux nez leur surproduction de lait.
Mais, s'étonnait ingénument un journaliste de Capital, et cette célèbre marque déposée à la résonance furieusement hellène ? Pas du tout, lui répondait-on doctement, cette consonance hellénique relève du simple hasard, il fallait que le nom commence par un terme évoquant la salade, principale utilisation du produit ; quant à la syllabe terminale, kis, ce n'était qu'une simplification sympathique de l'anglais kiss.

On comprend que ce type d'argument ait fortement tendance à passionner la Cour européenne de justice, qui, connaissant certainement quantité de moyens infiniment plus productifs d'employer sérieusement son temps, vient de rendre un arrêt attribuant la Feta aux seuls Grecs, et renvoyant les Aveyronnais à leurs chères montagnes.
Mais que faire, alors ? On ne peut quand même pas agrandir l'espace en repoussant les murs des caves ? Quoi ? Produire moins ? Vous n'y pensez pas ?